Du quartier à la Direction des Ressources Humaines; quels sont les secrets de l'ascencion de Fathallah Charef ??
Quoi de mieux pour finir cette saison 1 de #bwa, que de finir avec l'interview de celui qui est qualifié de coach dans mon dernier article : Fathallah Charef.
Mais avant de passer à l'interview, laissez moi vous raconter la première fois que j'ai rencontré Fathallah ...
Cela se passait dans le cadre d'un entretien en vue d'un reclassement suite à une inaptitude professionnelle. En gros, je jouais ma place, et c'est donc en mode #Warrior que j'entrais dans son bureau ...
Dans ma tête, l'affrontement était inévitable car j'étais resté plutôt en froid avec l'ancienne équipe des Ressources Humaines dont la politique était un mix entre celle de Staline et de Margaret Thatcher !!
Et là ... #Bim.Première claque !! La personne qui se trouve en face de moi me salue chaleureusement et m'invite à lui exposer mon cas, tout en me proposant un café ! Bref, il fait en sorte que je me détende, il me met à l'aise, #CommeAlABaraque.
En banlieusard averti , je ne baisse pas ma garde et je rentre dans le tas ! Et la ... #Bim. Deuxième claque !! Au lieu d'essayer de me mettre K.O directement, Fathallah prend la peine de m'écouter avec attention et fait même preuve d'empathie à mon égard.
Un Directeur des Ressources Humaines avec des émotions ??!! Et moi qui pensait, que tels des vampires 2.0, les D.R.H n'avaient ni âmes, ni reflets dans le miroir !!
C'est simple, moi qui me suis toujours sentis comme un extra-terrestre dans le monde du travail, je venais, pour la première fois en dix ans, de faire une rencontre du troisième type !!
Pour être clair, j'étais venu pour me battre, mais plus nous avancions dans la conversation, plus je me rendais compte que Fathallah n'était pas un adversaire mais un partenaire !
Bref ... Suite à cette entretien plus que constructif, il m'a promis de tout mettre en œuvre pour satisfaire ma requête. Et devinez quoi ?? Il l'a fait, puisqu'il m'a proposé un poste d'employé administratif !! #KOTechnique, #FinDuGame.
Voilà, pour la petite anecdote de #TontonIto, place, maintenant à l'interview de celui qui a amplement mérité le titre de Banlieusard With Attitude.
Interview
1)Présente-toi: nom, prénom, âge, situation familiale, parcours scolaire et professionnel.
Je m’appelle Fathallah CHAREF, je viens d’avoir 39 ans. Je suis marié et j’ai 2 enfants (une fille de 11 ans et un garçon de 6 ans). Ils sont ma fierté.
J’ai d’abord obtenu un Master 2 en Droit Social et il y a 2 ans je l’ai complété avec un MBA en Management RH.
2) Fathallah tu es un pur produit de banlieue, tu as grandis à Nanterre dans le 92, et tu es actuellement DRH d'un grand magasin parisien . Quelles sont les principales qualités qui t'ont mené à la réussite ?
Tout d’abord, j’aimerais préciser que je porte ma « Banlieuesité » comme un étendard. Je suis comme ces pionniers qui allaient à la conquête de nouveaux territoires. Tout ce que j’ai aujourd’hui, je le dois à mes parents et à la banlieue.
Des qualités qui peuvent te permettre de réussir, il y en a plein et si, j’ai bien appris quelques choses ces dernières années c’est qu’il faut faire avec ses propres qualités, et ne pas se prendre pour un autre. Mais il est important d’avoir conscience non seulement de ses qualités mais aussi de ses défauts.
Me concernant, les deux traits de personnalité qui me permettent d’avancer (je parle volontairement de traits de personnalité et non de qualités, car pour certains il s’agit de défauts et pour d’autres de qualités) sont la joie de vivre et la confiance en mes capacités. La joie de vivre te permet d’avancer quelles que soient les embûches et de toujours voir le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide. Chaque épreuve que je rencontre me rend encore plus fort. Et tu évites de tomber dans le syndrome de la victimisation.
Ensuite la confiance en soi te permet de ne jamais douter et de déplacer des montagnes. A chaque fois que se présente un nouveau challenge, j’entends au fond de moi cette petite voix qui m’encourage et m’évite de douter. Tu vois, ce sont ces deux éléments de ma personnalité qui me portent et me permettent de sauter les obstacles qui se présentent sur ma route. Et cette joie de vivre et cette confiance en moi, je les ai forgées ni sur les bancs de l’école, ni derrière mon ordinateur ; je les ai forgées dans les cages d’escalier ou encore sur ces terrains vagues où l’on passait des heures à se chamailler. Mais pour rien au monde je ne changerais mon enfance car elle est cette dalle de béton sur laquelle mes deux jambes sont ancrées.
Ensuite la confiance en soi te permet de ne jamais douter et de déplacer des montagnes. A chaque fois que se présente un nouveau challenge, j’entends au fond de moi cette petite voix qui m’encourage et m’évite de douter. Tu vois, ce sont ces deux éléments de ma personnalité qui me portent et me permettent de sauter les obstacles qui se présentent sur ma route. Et cette joie de vivre et cette confiance en moi, je les ai forgées ni sur les bancs de l’école, ni derrière mon ordinateur ; je les ai forgées dans les cages d’escalier ou encore sur ces terrains vagues où l’on passait des heures à se chamailler. Mais pour rien au monde je ne changerais mon enfance car elle est cette dalle de béton sur laquelle mes deux jambes sont ancrées.
3) Durant ton ascension, as tu été victime de préjugés? Comment as tu fait pour y faire face et surtout, maintenant que tu es en haut de l'échelle, en subis-tu toujours ?
Bien sûr que j’ai été victime de préjugés, mais j’ai aussi bénéficié de bienveillance de la part de « français de souche » qui m’ont tendu la main, qui m’ont fait confiance et qui m’ont fait grandir. Alors finalement quand tu fais les comptes, j’aurais même tendance à te dire que j’ai obtenu plus de bienveillance que de préjugés. Ce qui est important, c’est de saisir les opportunités qui se présentent. Ensuite je ne vais pas te mentir, pour nous c’est plus dur, il faut plus démontrer, mais la banlieue nous a donné un « super-pouvoir » : la rage. La rage de réussir, la rage de s’en sortir. Et quand tu fais de cette rage ta boussole, et non une arme, alors plus rien ne peut t’arrêter, ni les préjugés, ni le racisme.
Il y a deux façons de réagir aux préjugés : en faire un handicap ou en faire une force. Je m’explique.
Faire du préjugé un handicap, c’est se lever tous les matins et enfiler un sac à dos de 50 kg. Le porter tous les jours comme un fardeau qui t’empêche d’avancer et de démontrer que tu es plus fort, plus habile, plus performant que ce mec qui a fait une grande école et fréquenté les musées, quand toi tu fréquentais les terrains vagues.
Au contraire, si tu fais de ces préjugés une force, une source de motivation ; tu te lèves tous les matins en te disant que le monde t’appartient et que rien ne peut te résister. Et alors tu démontres au monde entier que tu n’as peut être pas fait une école de commerce, une prépa. Mais que tu as fait l’école de la vie et qu’elle t’a appris au moins une chose : ne rien lâcher et, à force de travail et de persévérance, les résultats sont au rendez-vous.
Tu l’auras compris, j’ai opté pour la 2ème solution, faire de ma banlieusité une force.
Bien sûr qu’aujourd’hui je subis encore des préjugés, mais ça me fait rire et j’en joue d’ailleurs. Par exemple, quand je vais à certaines conférences avec mon adjointe, parfois on la prend pour la patronne et moi la « petite main ». C’est marrant, j’en joue. Le problème avec les préjugés, c’est que ce n’est pas écrit sur mon front que je suis DRH. Alors les préjugés tu les subis dès lors que tu n’affiches pas ton titre. Mais encore une fois, cela doit être une source de motivation pour réussir et peut-être éviter à nos enfants de subir ce que nous avons subi.
4) Tu es issu du même milieu social que moi et, pour schématiser, on peut dire qu'il est constitué de 10% de gens qui optent pour l'illicite, 10% de gens qui s'en sortent, 20% de gens qui sont au chômage et 60% de gens, la majorité silencieuse, qui triment dur et galèrent pour s'en sortir. Quel conseil donnerais tu as cette majorité silencieuse ?
Honnêtement, cette question est difficile pour moi parce que je ne veux pas être dans la posture du mec qui se la raconte en donnant des conseils. En revanche, je m’efforce d’éduquer mes enfants en leur inculquant deux choses : la valeur du travail, rien ne tombe du ciel, il faut travailler dur pour obtenir ce que l’on veut. Et la deuxième chose, le savoir est un aliment dont il faut se nourrir pour grandir et devenir fort. Et aujourd’hui, à l’ère du digital, le savoir est à portée de main. Rien n’est inaccessible.
5) En tant que DRH dans un grand magasin qui fait lui-même partie d'un groupe prestigieux de vente de produits haut de gamme, penses-tu que le business et le social soient compatible? Si oui, comment le mets-tu en pratique dans le cadre de ton travail ?
Pour répondre à cette question, il faut revenir à la raison même de ce qu’est l’entreprise. L’objet de toute entreprise est de créer de la valeur. Mais c’est aussi de redistribuer cette valeur à l’ensemble des parties prenantes : clients – actionnaires – employés.
Dès lors mon rôle est de veillé à cette répartition, en conciliant notamment l’intérêt de l’entreprise et l’intérêt des salariés.
Par exemple, l’ouverture dominicale est l’illustration parfaite de cette recherche constante de cet équilibre fragile entre intérêt de l’entreprise et intérêt des salariés. Dans un environnement complexe et de plus en plus concurrentiel (d’autres enseignes du commerce étaient ouvertes tous les dimanches, mais pas nous), il était impératif pour l’entreprise de pouvoir ouvrir tous les dimanches. Néanmoins, un tel projet aussi important soit-il sur le plan économique, pouvait impacter négativement les collaborateurs et plus largement leur vie de famille. Dès lors tout l’enjeu pour moi a été d’échanger avec les collaborateurs et les représentants du personnel pour tenter de concilier d’un côté pérennité de l’entreprise et de l'autre côté vie familiale des salariés. Après de nombreux échanges, nous avons pu aboutir à un pacte économique et social permettant ce juste équilibre. Ce pacte repose sur deux éléments forts : volontariat (un collaborateur ne doit travailler le dimanche que s’il le souhaite) et contreparties salariales et sociales (un collaborateur qui sacrifie son dimanche doit s’y retrouver financièrement).
Dès lors mon rôle est de veillé à cette répartition, en conciliant notamment l’intérêt de l’entreprise et l’intérêt des salariés.
Par exemple, l’ouverture dominicale est l’illustration parfaite de cette recherche constante de cet équilibre fragile entre intérêt de l’entreprise et intérêt des salariés. Dans un environnement complexe et de plus en plus concurrentiel (d’autres enseignes du commerce étaient ouvertes tous les dimanches, mais pas nous), il était impératif pour l’entreprise de pouvoir ouvrir tous les dimanches. Néanmoins, un tel projet aussi important soit-il sur le plan économique, pouvait impacter négativement les collaborateurs et plus largement leur vie de famille. Dès lors tout l’enjeu pour moi a été d’échanger avec les collaborateurs et les représentants du personnel pour tenter de concilier d’un côté pérennité de l’entreprise et de l'autre côté vie familiale des salariés. Après de nombreux échanges, nous avons pu aboutir à un pacte économique et social permettant ce juste équilibre. Ce pacte repose sur deux éléments forts : volontariat (un collaborateur ne doit travailler le dimanche que s’il le souhaite) et contreparties salariales et sociales (un collaborateur qui sacrifie son dimanche doit s’y retrouver financièrement).
A chaque nouveau projet, j’essaie d’en faire une opportunité pour l’entreprise, mais aussi pour les salariés.
6) La carrière que tu as choisi amène à changer souvent d'employeur. Quand tu partiras du poste que tu occupes actuellement, quelle image aimerais tu laisser aux salariés ?
Celle d’un homme juste et équitable. Un homme qui n’a jamais renié ce qu’il était et qui aura su redonner ses lettres de noblesse aux ressources humaines : une fonction au service de la direction mais aussi des femmes et des hommes de l’entreprise.
7) Si tu devais te reconvertir, quel métier exercerais-tu et pourquoi ?
Une réponse classique, mais sincère. J’aurais aimé être instituteur. C’est le plus beau métier du monde et j’adore les enfants. D’ailleurs, pendant longtemps j’ai été animateur pour payer mes études. Cela me manque. Parfois, je me dis même que je devrais pendant mes congés aller faire quelques colonies de vacances. Histoire de se remettre dedans.
8) Je sais que tu lis beaucoup, si tu devais choisir 3 livres, lesquels nous conseillerais tu et pourquoi ?
En fait, je lis tout et n’importe quoi. D’articles de presse à des romans en passant par des livres professionnels. Un livre qui m’a marqué : La biographie de Malcom X parce qu’elle dépeint l’évolution d’un Homme de conviction et qui passera sa vie à défendre la cause de sa communauté.
Le 2ème livre est un livre moins connu écrit par Patricia PITCHER qui est considérée comme une référence du management. Son livre « Artiste, Artisan et Technocrate » explore la personnalité profonde du dirigeant en distinguant trois types de leaders : l'artiste - visionnaire ou stratège - qui jette des ponts vers des rivages inconnus ; l'artisan - gardien des connaissances et du savoir-faire - qui bâtit, consolide ces ponts et constitue le cœur des organisations ; le technocrate - brillant champion des ratios.
Enfin, un livre magnifique qui traite de l’interculturel. Il s’agit de « L’intelligence interculturelle » de Michel SAUQUET et Martin VELLAJUS. Dans ce livre, les auteurs traitent des rapports que nous entretenons avec des thématiques telles que le temps, l’espace, la maladie, la religion etc. ils traitent de 15 thématiques en tout. Mais surtout ils donnent une certaine méthodologie pour comprendre l’autre. Ce livre est une sorte de guide de l’interculturel, et dans un métier comme le mien où nous gérons les rapports humains, il est très important d’être ouvert face à l’autre et comprendre leurs « adhérences culturelles ». Et c’est encore plus vrai aujourd’hui, dans un environnement totalement globalisé et sans frontières.
Le 2ème livre est un livre moins connu écrit par Patricia PITCHER qui est considérée comme une référence du management. Son livre « Artiste, Artisan et Technocrate » explore la personnalité profonde du dirigeant en distinguant trois types de leaders : l'artiste - visionnaire ou stratège - qui jette des ponts vers des rivages inconnus ; l'artisan - gardien des connaissances et du savoir-faire - qui bâtit, consolide ces ponts et constitue le cœur des organisations ; le technocrate - brillant champion des ratios.
Enfin, un livre magnifique qui traite de l’interculturel. Il s’agit de « L’intelligence interculturelle » de Michel SAUQUET et Martin VELLAJUS. Dans ce livre, les auteurs traitent des rapports que nous entretenons avec des thématiques telles que le temps, l’espace, la maladie, la religion etc. ils traitent de 15 thématiques en tout. Mais surtout ils donnent une certaine méthodologie pour comprendre l’autre. Ce livre est une sorte de guide de l’interculturel, et dans un métier comme le mien où nous gérons les rapports humains, il est très important d’être ouvert face à l’autre et comprendre leurs « adhérences culturelles ». Et c’est encore plus vrai aujourd’hui, dans un environnement totalement globalisé et sans frontières.
9) Quel est ton personnage historique préféré et pourquoi ?
Malcom X, parce qu’il a compris que le savoir était une arme et qu’il s’est battu pour sa communauté.
10) Et pour finir, quelle est ta punchline (citation) préférée ?
Y’en a 2 :
La première : « quand on veut on peut ».Elle est simple. Mais elle me sert de boussole tous les matins. Elle m’a été soufflée par une femme qui compte beaucoup pour moi. Elle se reconnaîtra en lisant ces quelques lignes.
La seconde : « je suis venu comme un roi, je pars comme une légende ». Ibra a tout dis avec cette punchline.
Thomas, il y a une question que tu ne m’a pas posé mais à laquelle je voudrais répondre : quel est mon morceau musical préféré ? c’est « 11’30 » (⇐Cliquez sur le lien pour écoutez ce morceau). Je conseille ce morceau à tous les Malcom X de Banlieue.
Voila, c'est ainsi que ce fini le dernier article de la saison 1 de #bwa. Un grand merci à Fathallah d'avoir pris le temps de répondre sincèrement à mes questions #BigUp. Le prochain article sera disponible le 4 Septembre donc soyez tous là !! Même pendant les vacances, je serai actif sur les réseaux sociaux donc n'oubliez pas de suivre la page Facebook #bwa :
Bonnes vacances à tous et rendez-vous à la rentrée pour de nouvelles aventures !! 😉
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